Cette rubrique collecte et présente les lettres émises ou reçues par Lucie Delarue-Mardrus. N'hésitez pas à nous en envoyer après avoir obtenu l'autorisation de les publier en ligne. Merci.

Ma Blonde, lettres de Lucie Delarue-Mardrus à Natalie Barney (1902-1942)

   Pour la publication de ce remarquable ouvrage publié par Francesco Rapazzini et Chantal Bigot en février 2010, voir notre lecture sous l'onglet "Actualités", "parutions".

Lettres de Lucie Delarue-Mardrus à Georges de Peyrebrune

  

   Grâce à la retranscription de Nelly Sanchez et à l'autorisation de la Bibliothèque municipale de Périgueux que nous remercions vivement ici, voici 4 lettres de Lucie Delarue-Mardrus à Mme Georges de Peyrebrune:

 

 

 

Georges de Peyrebrune est le pseudonyme de Mme Eimery, née Mathilde-Georgina-Elisabeth de Peyrebrune (1841-1917). C’est une romancière d’inspiration naturaliste qui connut son heure de gloire dans les années 1880 avec des romans comme Victoire la rouge (1883), Les Ensevelis (1887) ou encore Tante Berthe (1893) traduit dans de nombreuses langues.

Couronnée deux fois par l’Académie Française pour Vers l’Amour (1896) et Au pied du mât (1899), membre du prix Fémina, elle est une femme de lettres dont l’avis et les conseils sont très prisés notamment par les romancières de la jeune génération. Marcelle Tinayre et Myriam Harry lui envoyèrent ainsi leurs premières œuvres. Lucie Delarue-Mardrus se tourna également vers elle comme en témoignent ces quelques lettres conservées dans le Fond Georges de Peyrebrune de la bibliothèque Municipale de Périgueux.

Même si ces courriers ne couvrent que les années 1911 et 1912, ils sont suffisamment explicites pour que l'on comprenne qu’une amitié fondée sur une estime réciproque s’était nouée entre ces deux femmes. Signe de suprême confiance, c’est à Georges de Peyrebrune que Lucie Delarue-Mardrus demanda de voter à sa place pour le prix Fémina de 1912.  Cette année-là, elle se séparait de son mari.

 

Le 15 février 1911

Le Caire

Chère Madame,

 

   Je reçois à l’instant votre mot, vous voyez où !... Aussi fais-je diligence pour vous répondre de peur que vous ne soyez fâchée contre moi.

Votre généreuse appréciation de mes écrits ne m’étonne pas de votre part ; mais elle me touche infiniment, et je veux vous en remercier avec la plus chaude cordialité.

Puisque je ne peux vous envoyer d’ici mon livre, je vous demande de passer le prendre chez Fasquelle. Vous n’avez qu’à montrer ce mot au secrétaire, il vous donnera de ma part Par Vents et Marées.

Puisse la lecture de ces poèmes continuer à vous être agréable, et veuillez, chère madame, accepter les sentiments d’amitié que je vous envoie du pays pharaonique.

 

Lucie Delarue-Mardrus

 

Nous ne rentrerons à Paris, je crois, que vers le mois d’Avril, après avoir visité la Syrie.

***

31 Déc 1911

12 Quai d’Orléans (IVe)

 

Madame amie,

 

   Merci de vous avoir plu, merci de vos souhaits. Je vous envoie les nôtres, parmi des sourires cordiaux et des salutations charmées.

Et la petite Alfreda[1] me charge de vous embrasser respectueusement.

La toute admirative,

Lucie Delarue-Mardrus

 

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Jeudi

12 Quai d’Orléans (IVe)

 

Chère Madame,

 

   Si vous le permettez, je viendrai vous voir samedi vers cinq heures, puisque vous m’avez exprimé l’aimable désir de causer un moment avec moi.

Croyez que je serai charmée de cette visite. J’attends un mot de vous, si vous voulez bien, au cas seulement où vous ne pourriez me recevoir. Sinon, votre silence sera votre acquiescement.

Mille cordiales et respectueuses choses,

 

Lucie Delarue-Mardrus

 

 

 

 

 

 

 

Pavillon de la Reine

Honfleur (Calvados)

 

Chère Madame amie,

 

   Je ne crois pas être en octobre à Paris, car le pays me retiendra de toute son automne qui s’annonce admirable ; et puis j’ai ma jument noire avec laquelle je fais de si belles parties à travers champs et bois, et qui me font oublier les gens, les sales gens, hommes et femmes, et toute la mascarade sans gaieté de Paris.

Néanmoins, si vous le voulez bien, je vous demanderai de voter pour moi selon votre cœur et votre goût. Et je serai charmée d’être avec vous en cette circonstance.

Croyez, chère madame, à ma vive et respectueuse cordialité,

Votre tout acquise

Lucie Delarue-Mardrus



[1] Jument de Lucie, offerte par le docteur Mardrus, baptisée comme l’héroïne de Monnaie de Singe paru en 1912.Voir Lucie Delarue-Mardrus. Une femme de lettres des années folles de Hélène Plat, p. 154.